Capitalisme - la societé de consommation : farce ou réalité ?
[Dans le capitalisme] L’argent est l’essence alienée du travail et de l’existence de l’homme ; l’essence le domine et il l’adore.
Karl Marx
Le facteur déterminant ultime de l’histoire est la production et la reproduction de la vie immédiate.
Friedrich Engels
Société de consommation. Complètement absent des analyses de Marx et Engels, ce concept, popularisé au XXème siècle, montra une longue portée, étant présent dans les lectures critiques des théoriciens de l’école de Francfort, en passant par Ana Arendt jusqu’à celles intelectuels contemporains comme Fredric Jamenson et Zygmunt Bauman, par exemple. En fait, rien ne semble plus cohérent que le capitalisme considéré comme une société de consommation, après tout, la marche imparable du capital vers une plus grande appréciation multiplie, chaque jour, la quantité et la diversité des merchandises avec lesquels nous affrontons en les insérant dans notre vie quotidienne comme une nécessité que nous ne pouvons plus éviter.
Malgré l’évidence (le truisme), il est utile de dire qu’une telle conception est très superficielle et, en tant que telle, fausse. Cette illusion découle du fait que les relations sociales effectives entre des individus de la forme sociale capitaliste sont voilées sous la forme brute et naturelle des marchandises et de la monnaie. Et pour cette raison, ce que nous voyons directement n’est que l’élargissement quantitatif et qualitatif des biens considérés en eux-mêmes, faisant abstraction du processus social qui les a fait émerger.
Dans son grand ouvrage, Le Capital, Karl Marx décrit la consommation comme la réalisation de la « valeur d’usage » des produits. Bien que la marchandise soit une valeur d’usage pour le simple fait de satisfaire une nécessité humaine quelconque, la réalisation de cette valeur d’usage est donnée dans sa consommation, qui est postérieure à son échange. C’est-à-dire la réalisation de la « valeur d’échange ». Cela signifie que si la valeur d’échange n’est pas réalisée, sa valeur d’utilisation ne sera pas réalisée également. En tant que marchandise, pour atteindre le domaine de la consommation, il est nécessaire d’abord de surmonter la sphère des échanges.
De ce point de vue, la consommation apparaît subordonnée à la sphère d’échange, même si la valeur d’usage est le support matériel de la valeur d’échange sous la forme de capital et le contenu matériel de la richesse dans chaque société. Ensuite, Marx analyse la formule de la circulation simple des produits: M-D-M (marchandise-argent-marchandise). Dans cette formule, l’argent apparaît comme un simple médiateur du processus et son objectif est la valeur d’usage. Dans d’autres termes, la forme M-D-M a pour objectif ultime de consommer et sa limite est la satisfaction des nécessités des consommateurs et leur valeur d’utilisation. Pour cette raison, ce formulaire est synthétisé par Marx sous la forme: vendre pour acheter. Mais la forme M-D-M n’est qu’un moment abstrait et superficiel des relations sociales capitalistes, visible dans la sphère des échanges de marchandises. Donc, Marx commence à analyser la forme M-D-M’, qui apporte la spécificité du processus d’échange de marchandises sous la forme de capital, considérée par Marx comme la formule générale du capital.
Dans la formule générale du capital, des transformations fondamentales peuvent être observées. La marchandise est achetée pour la revente et non plus pour satisfaire une nécessité individuele. L’argent ne fonctionne pas plus exclusivement comme monnaie, mais comme une forme universelle de richesse. Ce qui pousse la réalisation de ce circuit n’est pas la valeur d’utilisation, mais la valeur d’échange. De cette manière, évaluer la valeur à l’infini devient un objectif absolu. En résumé, la satisfaction des nécessités de consommation et la valeur d’usage sont transformées en simples moyens de ce mouvement insatiable d’auto-valorisation.
Il est évident que la valeur d’usage et la réalisation des besoins humains historiquement constitués par la consommation ne sont pas littéralement rejetées dans le mode de production capitaliste. Ce qui différencie cette forme sociale de toutes les précédentes, c’est que la production précéda de valeurs d’usage n’est plus subordonnée aux nécessités de l’homme, mais à la valorisation de la valeur. Dans toutes les relations sociales antérieures au capital, prédomine la production destinée à l’utilisation immédiate des produits du travail, à savoir que gouverne la production est la valeur d’usage et la prestation de services en nature. Pas sans raison, Marx vérifie qu’il ne se trouve jamais parmi les anciens une question sur la forme de propriété de la terre, etc., qui est la plus productive, laquelle d’entre elles crée la plus grande richesse, car la richesse (dans le sens d’accumulation) n’apparaît pas comme objectif de production.
Donc, la richesse se présente toujours sous son aspect matériel, dans sa configuration objective, dans ses déterminations concrètes, contrairement à la société bourgeoise dans laquelle elle est représentée dans la figure abstraite de la monnaie. Même l’exploitation et la maîtrise du travail d’autrui ont pour but la jouissance privée, la satisfaction des besoins de leurs propriétaires respectifs. Mais pas seulement : dans les formes sociales qui précéda le capital, face à la richesse considérée dans sa détermination matérielle, « l’homme se confronte comme sujet ».
Dans le capitalisme, l’homme qui travaille et le capitaliste lui-même n’apparaissent que comme l’un de ses moments. Le processus habituel d’accumulation du capital a lieu à l’insu des producteurs et le capital se manifeste avec la force d’un sujet automatique. En résumé, les biens de valeur ne sont plus liés les uns aux autres en tant que moyens de satisfaire les nécessités humaines. Au contraire ! Les hommes sont liés les uns aux autres pour répondre aux besoins de l’appréciation du capital et, pour cette raison, ne confrontent plus les produits matériels en tant que sujet, mais comme quelque chose d’extérieur, d’étrange, étranger à leur volonté.
Comme on peut le constater, à part les fausses apparences qui émergent de la sphère de la simple circulation des marchandises quand elle est autonome, toutes les formes sociales qui précéda le capital sont ce que l’on peut appeler la société de consommation. En revanche, rien de plus faux que de désigner le propre capital comme ce système connu par de la société de consommation. Nous sommes sur la société d’échange, de l’argent sous forme de richesse universelle et autonome régi par son accumulation de capital par l’extraction de la « plus-value ». En fait, dans aucun autre moment de l’histoire humaine, la consommation n’a été aussi valorisée qu’aujourd’hui.
La grande majorité des individus se contente d’acheter telle ou telle marchandise et le fétiche disparaît à partir de son acquisition. Aux États-Unis, par exemple, la patrie de la « consommation », il est courant que des maisons dont les garages sont bourrés de biens achetés et jamais consommés. Le rêve qui habite l’imaginaire de presque tout le monde sous cette forme sociale, capitalistes ou ouvrières, n’est pas la possession et l’usufruit de tout bien particulier, mais le montant en chiffres de son relevé bancaire.
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CONCEPTS :
Valeur d’échange : pour le marxisme, la valeur d’échange est mesurée par le temps de travail socialement nécessaire, c'est-à-dire le temps standard, pour produire une marchandise. Ainsi, il est possible de connaître le juste prix de chaque marchandise: par le temps de travail qui lui est appliquée ;
Valeur d’usage : est la qualité qui a un objet pour satisfaire une nécessité, déterminé par ses conditions naturelles ;
Plus-value : c’est la différence entre la valeur produite par le travail et le salaire versé au travailleur. C’est donc la base de l’exploitation du système capitaliste sur le marché du travail.
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P.S.: J’ai copié directement le concept « valeur d’usage » du site Wikipedia et l’ai traduit, comme j’ai pu. Déjà le concept « valeur d’échange », je l’ai copié partiellement sur le même site.