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Práxis

Os filósofos limitaram-se sempre a interpretar o mundo de diversas maneiras; porém, o que importa é modificá-lo.

Práxis

Os filósofos limitaram-se sempre a interpretar o mundo de diversas maneiras; porém, o que importa é modificá-lo.

La construction médiatisée de la narrative et ses développements dans Bonjour Tristesse, de Françoise Sagan

27.02.20

Bonjour Tristesse

 

Bonjour Tristesse, publié en 1954 par la jeune débutante dans le monde des lettres Françoise Sagan, devint rapidement un succès de public et de la critique. Traduit dans plus de 20 langues peu de temps après sa publication, l’ouvrage non seulement inséra Sagan dans la scène littéraire française, mais mis à profit sa vaste carrière littéraire.

Raconté à la première personne par la protagoniste Cécile, une jeune femme de 17 ans, le roman a comme toile de fonde la Méditerranée en France. Écrit dans un langage simple et, dans une certaine mesure, poétique, le roman décrit la relation entre Cécile et son père Raymond dans un contexte banal (Les premiers jours furent éblouissants. Nous passions des heures sur la plage, écrasés de chaleur, prenant peu à peu une couleur saine et dorée).

Remplie d’ironie, l’œuvre porte un ton mémorialiste, dans lequel la narratrice explore différents aspects de la vie quotidienne à partir de sa relation avec les personnages. En fait, toute la construction du récit provient de ses souvenirs, de ses pensées tumultueuses ; les personnages et l’environnement sont « racontés » à partir des sentiments de Cécile. Rien n’échappe au crible de vos perceptions1.

A ce début d’été, il poussa même la gentillesse jusqu’à me demander si la compagnie d’Elsa, sa maîtresse actuelle, ne m’ennuierait pas pendant les vacances. Je ne pus que l’encourager car je savais son besoin des femmes et que, d’autre part, Elsa ne nous fatiguerait pas. C’était une grande fille rousse, mi-créature, mi-mondaine, qui faisait de la figuration dans les studios et les bars des Champs-Élysées. Elle était gentille, assez simple et sans prétentions sérieuses. Nous étions d’ailleurs trop heureux de partir, mon père et moi, pour faire objection à quoi que ce soit. Il avait loué, sur la Méditerranée, une grande villa blanche, isolée, ravissante, dont nous rêvions depuis les premières chaleurs de juin. (SAGAN, 1956, p. 14)

Cependant, l’intrigue est bien organisée et présente une structure narrative linéaire. Bien que toute construction narrative dérive de ses conflits, la prose se déroule de manière « lâche », sans digressions et de manière bien organisée. Le temps est chronologique et est constitué à partir de la perception de la protagoniste; Le temps est aussi un processus mental dans Bonjour Tristesse2. Juste comme l’espace ! Interconnectés tous les deux (espace-temps), ils sont donc configurés comme une projection de Cécile, qui les décrit à partir de leur propre caractérisation.

Mais pas seulement. Pour être une œuvre mémorialiste, un roman psychologique, on utilise le passé simple et l’imparfait. En décrivant un passé récent, la narratrice reconstruit non seulement ce passé ; plus que cela : elle se reconstruit dans ce processus. En d’autres termes, l’espace construit par la narratrice l’influence également, amenant la protagoniste à faire converger sa manière d’agir en fonction de l’environnement qui l’entoure. La même chose se passe avec les autres personnages, en ce sens, puisqu’ils sont tous des reflets de la mémoire de Cécile. Dans cette perspective, l’espace interfère aussi directement avec la représentation des sentiments éprouvés par les personnages, établissant une analogie entre l’espace qu’ils occupent et leurs sentiments.

Le lendemain matin, je fus réveillée par un rayon de soleil oblique et chaud, qui inonda mon lit et mit fin aux rêves étranges et un peu confus où je me débattais. Dans un demi-sommeil, j’essayai d’écarter de mon visage, avec la main, cette chaleur insistante, puis y renonçai. Il était dix heures. Je descendis en pyjama sur la terrasse et y retrouvai Anne, qui feuilletait des journaux. Je remarquai qu’elle était légèrement, parfaitement maquillée. Elle ne devait jamais s’accorder de vraies vacances. Comme elle ne me prêtait pas attention, je m’installai tranquillement sur une marche avec une tasse de café et une orange et entamai les délices du matin : je mordais l’orange, un jus sucré giclait dans ma bouche ; une gorgée de café noir brûlant, aussitôt, et à nouveau la fraîcheur du fruit. Le soleil du matin me chauffait les cheveux, déplissait sur ma peau les marques du drap. Dans cinq minutes, j’irais me baigner. (SAGAN, 1956, p. 35)

Gérard Genette, théoricien français, en classant les types de narrateurs, l’a fait à partir d’un nouveau paradigme ; sans négliger les caractéristiques préexistantes des narrateurs à la première et à la troisième personnes, il en créa de nouvelles. Genette propose alors une autre classification : les narrateurs autodiégétiques, ceux qui racontent leurs propres expériences ; homodiégétiques, ils racontent l’histoire, sans être l’un des personnages principaux ; et les hétérodiégétiques, ceux qui ne font pas partie de l’histoire, et racontent les événements. (GENETTE, 1995)

Ces classifications sont importantes pour nous aider à bien comprendre le caractère constructif d’une œuvre littéraire. Évidemment, ils ne considèrent pas toutes les qualités du texte – même celles concernant à la structure – mais ne les prennent pas en compte, entraînerait des pertes importantes dans l’analyse de l’œuvre littéraire. Dans Bonjour Tristesse, par exemple, la signification d’un narrateur autodiégétique est claire, puisque Cécile ne transmet que ses propres expériences au lecteur.

En tant que narratrice protagoniste, elle le fait, puisque toutes les actions narratives tournent autour de lui-même. D’où la subjectivité de l’œuvre. D’où aussi sa complexité. En se plaçant au centre de la narration3, la protagoniste monopolise la connaissance de toute l’histoire, articulant l’information à sa guise.

Généralement, les narrateurs protagonistes créent une sorte d’autobiographie fictive. Ce n’est pas différent avec Cécile ! Elle est autonome par rapport aux parties structurelles du récit et sa voix a le pouvoir de juger et de critiquer non seulement les faits racontés, mais surtout les actions des autres personnages. En d’autres termes, la trame narrative de Bonjour Tristesse n’est rien d’autre que des réflexions de la mémoire de la narratrice, qui, du fait qu’elles n’ont pas de contrepoint, ne peuvent être remises en question.

Les amis d’Anne ne devaient jamais parler d’eux-mêmes. Sans doute ne connaissaient-ils pas ce genre d’aventures. Ou bien même s’ils en parlaient, ce devait être en riant par pudeur. Je me sentais prête à partager avec Anne cette condescendance qu’elle aurait pour nos relations, cette condescendance aimable et contagieuse… (SAGAN, 1956, p. 153)

Cette perspective est la seule à laquelle nous, lecteurs, avons accès.

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NOTES

1Le terme « roman psychologique » est un terme qui se concentre sur la caractérisation interne (psychologique) de ses personnages. Dans ces récits, les motivations, les circonstances et les actions internes des personnages jouent un rôle moteur dans l’intrigue, constituant à partir d’eux la construction des autres éléments de l’œuvre. Ainsi, le récit est placé en arrière-plan afin de privilégier les conflits psychologiques des personnages. C’est pourquoi, dans les romans psychologiques, que les personnages (ou, dans beaucoup de cas, le personnage) sont plus développés et plus profonds que dans d’autres genres narratifs.

2Parménide (530 – 460 avant J.C.) défendait l’idée du temps en tant que construction dérivée d’un processus mental. Ainsi, pour le philosophe Elean, les transformations que nous observons dans le monde physique résultent de notre perception. Dans cette perspective, la réalité serait alors indissociable et dépourvue de la notion de temps. Dans Bonjour Tristesse, Françoise Sagan recréa le temps et le rythme du récit à partir des perceptions de son personnage principal, comme le propose Parménide. Bien qu’il se déroule de manière chronologique et linéaire – contrairement à la conception grecque du temps cyclique, sans début ni fin, mais avec un retour éternel – et bien que nous ayons une notion spatiale et temporelle relativement bien définie, l’un et l’autre (temps et l’espace) sont attirées par la narratrice à travers ses souvenirs, ses sentiments et ses perceptions. Pour mieux comprendre les idées d’auteur, lire : « Parmênides de Eleia » (p. 143-199). In : Os Pensadores – Pré-socráticos. 1.ed. São Paulo: Abril Cultural, 1973.

3Sagan créa un récit sans « description » au sens de Lukács. Tout dans Bonjour Tristesse est important, pertinent dans le déroulement narratif et dans la construction des personnages. Dans « Narrar ou descrever? », l’Autrichien distingue la narration de la description. Pour l’auteur la narration est une sorte de description importante pour l’œuvre, précisément parce qu’elle la juxtapose au contexte narratif de l’œuvre et au(x) personnage(s), interférant directement avec les deux. Décrire à György Lukács est une action ou une description superficielle qui pourrait même être exclue du texte sans perte significative pour l’ensemble de l’œuvre. Voir : LUKÁCS, György. Narrar ou descrever?. In : Marxismo e Teoria da Literatura. 2.ed. São Paulo: Expressão Popular, 2010, p. 149-187.

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RÉFÉRENCES

BAKHTIN, Mikhail. Teoria do Romance I: a estilística. 1.ed. São Paulo: Editora 34, 2005.

COUTANT-DEFER, Dominique; JENOUDET, Pierre-Maximilen. Analyse d’œuvre Bonjour Tristesse. Disponível em: www.lepetitlitteraire.fr. Acesso em 18 nov. 2019, 17:30:24.

GENETTE, Gérard. Discurso da narrativa. 3.ed. Lisboa: Vega, 1995.

______________. La littérature et l’espace. Paris: Seuil. 1969.

______________. Figures III. Paris: Editions du Seuil, 1972.

LUKÁCS, György. Narrar ou descrever?. In: Marxismo e Teoria da Literatura. 2.ed. São Paulo: Expressão Popular, 2010, p. 149-187.

SAGAN, Françoise. Bonjour Tristesse. s.e. Paris: Julliard, 1956.